La croix de Jean de Botte

La croix et l’ermitage de Jean de Botte

Le Bois de Botte abrite d’excellente sources toujours exploitées, alimentant en eau une grande partie de la commune de Matour. On attribue son existence à une nappe souterraine dont les diverses fontaines seraient les déversoirs naturels ?Mais le lieu est surtout connu pour un personnage haut en couleurs, devenu légendaire, et qui vécut là au début du XXème siècle. 

Jean-Pierre Larré vivait autrefois seul dans une minuscule maison au milieu des bois. D’où le surnom de Jean de Botte qui fut donné à cet « ermite » un peu étrange.

Jean de Botte descendait chaque dimanche au bourg, et là buvait nombre de pots de vin, ce qui le rendait ‘plus que noir’ lorsqu’il rentrait en Botte le soir. Il avait perdu sa femme, à la mémoire de laquelle il fit élever une croix. La tradition orale veut qu’un soir, passant devant cette croix, le vin le rendant sentimental, il larmoyait un peu. Il prétendit ensuite qu’à cet instant sa défunte femme lui apparût. Une autre version indique plutôt que c’est cette apparition qui déclencha chez lui ce désir d’élever une croix.

La croix existe toujours, elle a été entretenue et même récemment refaite par les Matourins. Elle marque une fourche sur le sentier botanique actuel. Les ruines de la maison, située à quelques dizaines de mètres en contrebas de ce sentier, sont rases, et seuls quelques éboulis affleurent. Par un bout de voûte, on peut encore voir à l’intérieur de ce qui semble avoir été la cave. La Maison existe en différentes versions de carte postale 1900, avec ou sans Jean de Botte devant.
La nouvelle croix, inspirée de celle déjà restaurée en 1950, et installée par les Matourins en 2017

Légende de "l’ermite de Botte" :

« Après la mort de sa femme, Jean de Botte la vit dans la forêt, et érigea en son honneur la croix de Botte, à l’endroit même où il avait eu cette vision surnaturelle. »

« Jean-Pierre Larré, surnommé Jean de Botte, vivait autrefois seul au milieu des bois. Il descendait chaque dimanche au bourg, et là buvait nombre de pots de vin, ce qui le rendait ‘plus que noir’ lorsqu’il rentrait en Botte le soir. Il avait perdu sa femme, à la mémoire de laquelle il avait fait élever une croix - que l’on peut encore voir - (en 1958, date de l’écriture de la légende par Mme Crozet, et en 2000, NDLR), et en passant devant cette croix, le vin le rendant sentimental, il larmoyait un peu. Il assura même qu’un soir sa défunte femme lui apparût. Mais ce Jean de Botte avait un frère qui résidait à Paris. Celui-ci se désolait d’avoir un frère ivrogne, et il aurait bien voulu que ce défaut lui passât. Il en parla à son docteur qui lui dit : je me charge de guérir votre frère ; invitez-le seulement chez vous. Jean de Botte s’en alla donc à Paris chez son frère. Le docteur ne tarda pas à arriver, et tous les trois se retrouvèrent bientôt devant un petit verre d’alcool, au grand contentement de notre Jean. Le frère avait un chien qui se trouva de compagnie. Le docteur prit son verre d’alcool et le versa dans la gueule du chien qui tomba raide mort. Le frère fut émerveillé, plein d’espoir, et le docteur sûr de lui et de sa puissance dit : Eh bien voyez-vous l’effet que produit l’alcool, vous voyez que c’est un poison, hein ! Qu’en pensez-vous, Jean-Pierre ? – Eh ben je pense que l’alcool ne vaut rin pour les tsins ! »

Source : manuscrit de Mme Christiane CROZET