L'étang du Grand moulin
Le Grand Moulin était la propriété des seigneurs de Chateauthiers comme en atteste le plan extrait des « terriers » du château (cadastre seigneurial conservé à la Maison des Patrimoines) Il s’agissait donc de ce fait d’un moulin banal (la banalité est l’usage public et obligatoire d’un bien appartenant au seigneur contre redevance, le ban)
Sa construction remonte sans doute au 16ème ou 17ème siècle, la retenue d’eau a été créée entre les rochers au sud et au nord formant un étranglement qui a permis l’établissement de la digue formant la chaussée de l’étang qui reliait Les Royards et le château par un passage à gué et une simple planche pour les piétons. Le déversoir au sud alimente la cascade toujours existante, des plus agréables.
Sur le plan terrier sont figurées trois vannes qui conduisaient l’eau sans doute à trois roues à augets, l’une pour le moulin à farine, une autre pour le moulin à huile et enfin la 3ème pour une scie battante dans un bâtiment encore visible sur la carte postale, absent sur le plan de 1954.
Plus en aval se trouvait un bâtiment indépendant lui aussi avec une roue alimentée par une dérivation du ruisseau pour alimenter vraisemblablement un battoir d’écorce et de chanvre.
NB : Une scie battante est une scie droite actionnée par une roue à eau qui remplaçait le travail des scieurs de long d’antan.
Un battoir d’écorce de chêne réduisait celle-ci en tan utilisé pour la transformation des peaux et cuirs alors que le battage du chanvre permettait l’assouplissement de la filasse obtenue par broyage, pour la production de toiles et tissus. L’accès au moulin construit par la seigneurerie se trouvait à l’origine en cul de sac puis la route nationale n°487 est venue s’implanter au cœur des bâtiments existants séparant le moulin proprement dit au sud avec habitation et dépendance.
À la fin de la guerre 39-45, le propriétaire Benoît Cortambert utilise la main d’œuvre formée par les prisonniers allemands pour nettoyer l’étang de la vase et du sable. Vers 1950, la commune fait installer des pontons pour les loisirs, canotage, baignade et l’étang devient alors un lieu de promenade et de baignade pour quelques privilégiés sachant nager ...
L’étang formait aussi un point d’abreuvement des animaux, un lieu où laver son linge, une zone de pêche à la carpe et une possibilité de récolte de la laiche ou carex pour le paillage des animaux. L’élargissement de la route nationale devenue départementale, en 1983, signe la destruction totale du bâtiment et un rétrécissement de la surface en eau.
L’étang est aujourd’hui très envasé, partiellement boisé suite à l’absence d’entretien depuis de nombreuses années, envahi par la végétation ! La commune de Matour s’en est portée acquéreur.
Sources : documentation du Centre d’interprétation de la Maison des Patrimoines et archives communales. Cartes postales de Jacques Bonnamour. Photos Christiane Crozet.