L'ancienne église

L’église que vous pouvez admirer actuellement sur la place ne date que de 1868 (construction de 1863 à 1868).

Elle est venue en remplacement d’une église de style roman qui se situait bien plus au nord, bordant la rue principale très étroite, ne laissant un passage que d’environ 4 à 5 m par rapport aux façades commerciales toujours existantes.

Pas de date précise pour sa construction. mais dès 980, l’église de Matour dédiée à la Sainte Vierge est citée. Avec le titre de vicus cité dès 946, il n’y a pas de doute qu’un viguier résida à Matour. Les chartes montrent que toutes les vigueries avaient une église dont le vocable dénote la première génération des paroisses rurales. C’est donc une église du Xe siècle. En 1067 : « le seigneur Artaud Le Blanc, frère d’Hugues, vicomte de Mâcon », fait don de l’église de Matour à l’abbé de Saint-Rigaud

Nous possédons une très abondante documentation, inventaire avec plans et schémas, qui permet de la décrire précisément.

Elle occupait une surface d’environ 235 m², avec une façade au sud donnant sur le cimetière et la place du marché (au Moyen-âge les marchés se tiennent souvent dans ou à proximité des cimetières). Elle était orientée selon la tradition vers l’orient, berceau du christianisme, placée sous le patronage de saint Jean-Baptiste (dont la fête patronale toujours en vigueur le dimanche le plus près de la Saint-Jean, tradition maintenue par la fête des brioches…)

Elle est décrite comme très vétuste, une seule nef avec un  plafond en bois blanchi à la chaux.  Le clocher était couvert de lames de bois, et dans sa dernière version était très élancé, il comportait quatre cloches.

Deux chapelles latérales s’installèrent ultérieurement au sud. Une première chapelle pour Sainte-Catherine, offerte par Renaud de Jantes, 2ème du nom, seigneur de Chateauthiers, en 1469, sera ultérieurement consacrée à la Vierge.et du Rosaire Elle sera suivie en 1661 par une seconde, plus à l’ouest, créée par Jean Barand, curé de Matour en 1661., et consacrée à saint Antoine, puis à saint Jean.

Assez délabrée, elle était d’une capacité très insuffisante pour le nombre de paroissiens. La population de Matour était de 2 336 habitants en 1861, près de l’apogée de 1856 avec 2502 habitants recensés avec une très grande ferveur chrétienne !!

Surtout, son emplacement était très gênant, ne permettant aucune extension avec une place de marché attenante trop exigüe pour les 200 exploitations d’alors produisant œufs, beurre, fromages, volailles, lapins, fruits ... vendus sur le marché. On rapporte que le marché débordait largement sur le cimetière pour contenir l’afflux de population et de chalands...

Le mobilier intérieur était sommaire, un bénitier à chaque porte, deux confessionnaux au fond de la nef. Le sanctuaire était séparé du reste par un balustre avec une belle chaire de prédicateur.

D’un vœu unanime, la commune et la fabrique (organisme qui gérait les biens de l’église) envisagèrent dès 1846 sa reconstruction. Elle a été démolie en 1864 pour la construction de l’église actuelle, projet confié à l’architecte Berthier pour un édifice de 560 m² avec un remodelage complet de la place, le transfert du cimetière et la reconstruction du presbytère.

On note qu’avant la révolution, la paroisse appartenait à l’archiprêtré du bois Sainte Marie et de l’évêché d’Autun. Le 16 novembre 1635 a eu lieu l’établissement de la confrérie du Saint Rosaire dans une chapelle nouvellement refaite par Roland de Foudras, seigneur de Chateauthiers.

 

Reliques de sainte Angelica

Le 7 août 1853, l’église reçoit des reliques de Sainte Angelica, don de Madame Chassipolet, alors propriétaire du château de Chateauthiers, personne particulièrement pieuse qui avait déjà fait don en 1833 d’une habitation et terrain pour fonder une maison d’éducation (ancienne école libre devenue la maison des associations (cf. article précédent).

Les reliques de Saint Angélique, vierge martyre, auraient été exhumées de la catacombe de Sainte Cyriaque à Rome. Elles ont été accordées à Madame Chassipolet de Mâcon le 5 mai 1846, celle-ci souhaitant ardemment rapporter un souvenir de ses pèlerinages à Rome et Jérusalem.

On n’a que peu d’informations sur Sainte Angelica si ce n’est qu’elle a reçu son nom lors de la découverte de ses Saintes reliques. Le vase de son sang indique le martyre confirmé par le crâne ouvert par le fer d’une hache.

Madame Chassipolet a exposé pendant 9 ans les reliques dans sa maison de Mâcon pour sa famille, ses amis et bientôt une foule de malades, le bruit ayant été répandu de certaines guérisons de son fait…

La cérémonie du transfert des reliques s’est faite avec une pompe extraordinaire et la présence de très nombreux fidèles (plus de 3 000 personnes !). Des arcs de triomphe avait été élevés à l’entrée et au milieu du bourg. Des guirlandes festonnaient les maisons de la rue principale et deux reposoirs avaient été préparés pour faire station dans le parcours.

La procession a démarré de la Prasle où la châsse, arrivée de Mâcon, avait été déposée la veille dans la maison Robin (Albert actuellement). Les cérémonies ont duré trois jours et un pèlerinage a été instauré, lequel a perduré pendant une dizaine d’années.

Les reliques ont été transférées dans la nouvelle église.

Sources : documentation du Centre d’interprétation de la Maison des Patrimoines et archives communales.